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Marché des céréales Avec des débuts en demi-teinte, Nord Céréales vise 2 Mt d’export sur 2023/24

Une fois le nouveau silo de Nord Céréales opérationnel, le site dunkerquois pourra atteindre la capacité physique de 330 000 t.

Après les bons résultats de 2022/23, les expéditions de céréales depuis le silo portuaire de Dunkerque sont en retrait sur cette première moitié de campagne 2023/24. La Sica Nord Céréales compte sur un regain de dynamisme d’ici à juin, et entend à l’avenir augmenter son volume d’exportation tout en continuant sur la voie de la diversification.

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Les exportations de Nord Céréales sont timides sur ce début de campagne 2023/24, notait son directeur général Joël Ratel le 1er décembre, lors de l’assemblée générale de la Sica : « Alors que l’an dernier on avait exporté 1,5 Mt vers les pays tiers au 30 décembre, cette année on pense pouvoir exporter avant fin décembre un peu plus de 800 000 t ».

Pourquoi ce recul des expéditions de céréales sur le deuxième trimestre 2023 depuis Dunkerque ? Plusieurs explications. D’abord, la récolte n’a pas été l’un des meilleurs crus pour l’hinterland (la zone d’influence) de Nord Céréales.

« 25 à 30 % des blés ont été récoltés après les pluies » du mois d’août, reprend Joël Ratel, d’où des qualités dégradées et, après travail du grain, 10 à 15 % des blés de la région qui « ne pourront pas aller vers les pays tiers pour la meunerie ».

Retrouvez l'interview de Joël Ratel :

https://dai.ly/x8qas8b

Surtout, la concurrence est rude avec la Russie, « très présente depuis le début de l’exercice sur les mêmes destinations que nous avec des prix plus compétitifs – quasiment 25 à 30 €/t de moins ». Et d’autant plus présente que son climat de plus en plus tempéré lui permet d’améliorer ses résultats et de faire de bonnes récoltes.

À cela s’ajoute une demande moindre de l’Union européenne et des amidonneries françaises.

Conséquence : « de la crispation à tous les niveaux », entre « organismes collecteurs qui doivent sortir un maximum de céréales pour juin » et exportateurs sous pression, « déphasés par rapport aux pays importateurs ».

Mais « tout est encore possible » selon Laurent Bué, le président de la Sica, qui mise sur une seconde partie de campagne plus dynamique et 2 Mt de céréales exportées depuis Dunkerque d’ici à la fin de l’exercice, fin juin 2024.

Les bateaux « faits pour le Maroc » il y a quelques jours sont de bon augure et les récents achats chinois de blé français pour décembre-février sont « une bouffée d’oxygène » selon les deux dirigeants, qui espèrent expédier en tout 1 Mt de céréales vers l’Empire du milieu cette campagne.

Bon bilan pour la campagne 2022/23

« Les campagnes se suivent et ne se ressemblent pas », commente Joël Ratel. Car si le début 2023/24 se dessine en demi-teinte, le bilan s’avère « très bon » pour 2022/23.

Le directeur se félicite d’une moisson 2022 « rapide et précoce », d’une « belle récolte tant en quantité qu’en qualité », avec un rendement moyen de 95 q/ha sur l’hinterland de Nord Céréales et la possibilité d’« exporter presque partout dans le monde ».

La campagne d’exportation a été dynamique dès juillet 2022, en raison de la guerre entre la Russie et l’Ukraine : « les pays africains avaient peur de ne pas avoir assez de blé pour l’alimentation et ont importé du blé français plus vite que d’habitude ».

Si bien que Nord Céréales a expédié quasiment 2,2 Mt sur 2022/23, dépassant la moyenne décennale, avec une hausse notable pour le blé : environ 1,8 Mt contre 1,1 Mt sur 2021/22.

La campagne a permis d’obtenir un résultat net de plus de 2 M€ et un chiffre d’affaires de 14,9 M€ : un « beau chiffre », une hausse de 35 % par rapport à la campagne précédente qui fait de Nord Céréales le second silo portuaire de France en moyenne quatre ans, derrière Rouen.

Côté destinations, la Chine a, comme ces quatre-cinq dernières années, été le plus gros importateur de céréales depuis Dunkerque : 769 000 t (1,2 en 2021/22). Avec un enjeu de performance croissant : le pays « réclame maintenant des blés de qualité, un PS adapté et un grain très propre, note Laurent Bué.

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De façon globale, « les cahiers des charges montent, appuie Joël Ratel : il ne faut pas se louper pour pouvoir continuer d’exporter au maximum les céréales françaises vers les pays tiers ».

Nord Céréales a retrouvé la destination égyptienne, quasi inexistante sur la campagne 2021/22 ; le Maroc est « venu massivement aux achats » ; le Pakistan a importé depuis Dunkerque « de façon opportuniste », en lien avec la guerre.

Garder les marchés de proximité, augmenter les volumes exportés

Les exportations vers l’Algérie sont en revanche en perte de vitesse. D’une part car le marché algérien s’est ouvert aux origines russes et ukrainiennes, très compétitives, alors qu’il était il y a peu de temps « chasse protégée » pour les blés français.

Et aussi parce que les autres ports français peuvent aussi exporter vers ce pays : « ce sont des bateaux de 30 000 t, on peut charger de Rouen, de la Pallice…, explique Joël Ratel. Avec notre tirant d’eau de 14,70 m, on est capables de charger les plus gros bateaux céréaliers : les Panamax. Comme les exportateurs savent qu’on a de gros programmes vers la Chine et l’Égypte, ils mettent les bateaux de 30 000 t sur d’autres ports ».

« Méfiance !, alerte Laurent Bué. Il faut s’y atteler, persuader nos politiques, reprendre le bâton de pèlerin, pour garder ces marchés de proximité qui sont à notre porte : à Dunkerque, on est faits pour aller en Afrique du nord ! ».

Et demain ? Pour 2024/25, la Sica entend « augmenter son volume d’exportations tout en développant de nouveaux débouchés en diversification ».

À l’instar du développement des importations (maïs, granulés de bois) via ses filiales, une activité mise en place en 2018 pour réduire sa dépendance à l’export et qui a atteint son objectif : presque 260 000 t en 2022/23.

Les travaux de modernisation engagés depuis plus de deux ans sur le site dunkerquois sont par ailleurs entrés dans leur dernière phase. Après la rénovation du silo historique, l’installation d’un second portique de chargement et d’un hall de chargement des trains, un nouveau silo est sorti de terre et sera inauguré en octobre 2024. Il permettra au site d’atteindre la capacité physique de 330 000 t.

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